Playa Esmeralda - Holguín (Cuba) ©B. Vauléon, 2010
Prologue
Ce que je vais raconter s'est produit il y a des années, avant que je sois sexagénaire.
Lorsque les enfants eurent quitté la maison, notre budget nous a enfin permis de prendre l'avion pour voyager outremer et le premier pays que nous avons eu envie de visiter, c'est Cuba.
Curieux de voir comment le régime de Fidel Castro se débrouillait avec le tourisme de masse, j'ai fait le choix de prendre contact avec l'agence officielle cubaine en France : Havanatour.
Nous nous sommes arrêtés sur un circuit de 14 jours qui proposait une traversée de l'île depuis Santiago jusqu'à La Havane, avec des étapes à Guantanamo, Baracoa, Camagüey, Holguín, Sancti Spiritus, Trinidad, Cienfuegos, Santa Clara et Viñales.
Nous étions un groupe d'une vingtaine de personnes, en couple pour la plupart, avec un guide masculin, bien entendu, et jusqu'à Holguín, à part une petite tempête à Baracoa, tout s'est bien passé.
Notre première semaine de voyage allait se terminer et le programme prévoyait un séjour de deux nuits dans un hôtel club cinq étoiles, destiné aux étrangers, sur la côte nord-est de Guardalavaca, à une trentaine de kilomètres de Holguín.
J'ai été surpris de voir que l'on nous faisait passer par le complexe métallurgique de Moa, qui fonctionnait avec difficulté depuis le départ des Russes1. Sous un ciel d'orage, les installations et les HLM, entre la poussière de latérite et la rouille, transpiraient la misère et l'incurie. Mais il n'y avait d'autre route praticable pour notre autocar.
Après cela, arriver à Playa Esmeralda, c'était comme passer de l'enfer au paradis. Mais l'endroit se présentait comme un camp retranché. Presque rien autour. Deux hôtels jumeaux d'une architecture qui se voulait moderne, isolés au milieu d'une végétation assez pauvre, mis à part des plantations récentes, encore fragiles.
La plage, en revanche, méritait totalement son nom : les premiers cinquante mètres de la mer étaient d'un vert émeraude intense qui, ensuite, avec plus de profondeur d'eau, s'obscurcissait en un bleu-vert sombre.
Les cinq étoiles de l'hôtel brillaient moyennement en ce qui concerne la construction, de type méditerranéen traditionnel ; l'accent avait surtout été mis sur la restauration qui promettait beaucoup ainsi que la plage et l'animation. Les deux hôtels avaient été réunis en un seul en 1996 et le groupe espagnol Mélia disposait depuis de l'un des plus grands "resorts" de l'île avec 464 chambres, deux piscines et 15 restaurants et bars.
Felisa, mon épouse, adore lézarder sur le sable, moi, pas du tout. Cette étape de notre voyage l'enchantait donc, elle, à cause de la plage dont elle ne pensait s'éloigner que pour les repas. Moi, cela me laissait le loisir de découvrir les parages.
I
Après une douche pour effacer les miasmes du voyage en bus, tandis que mon épouse répartissait nos affaires dans tiroirs et armoires, j' ai décidé de descendre jeter un premier coup d'œil au complexe hôtelier.
J'ai commencé par les bars où se produisent souvent de singulières rencontres. L'hôtel était bondé d'allemands et de belges qui, de sept heures à dix heures, ne quittaient pas les comptoirs, chacun avec sa boisson préférée : champagne, whisky, bière, rhum... On y servait de tout ad libitum pour les clients en formule all inclusive, qui étaient l'immense majorité. Souvent, le personnel devait raccompagner à sa chambre tel ou tel qui n'avait pas su mesurer sa soif.
Au 1492, le bar du lobby de l'ex Sol Río de Lunas où nous étions, j'ai immédiatement remarqué un client qui ressemblait un peu à Peter Ustinov, dans ses bonnes années : même stature, même corpulence, moustache à la Dali, costume de lin blanc, panama et souliers bicolores à bout blanc. Il avait une canne à pommeau d'argent, fumait un Partagás et parlait espagnol avec l'accent belge.
Caramba ! Je suis tombé sur l'incarnation d'Hercule Poirot, on dirait.
Je suis monté sur un tabouret voisin du sien, déchiffrant le panneau en face de moi où l'on énumérait pour les béotiens les différents cocktails à base de rhum plus deux ou trois autres. Après un temps de réflexion, comme on était encore tôt, j'ai fait le choix d'une piña colada.
— Oui, tout de suite, Monsieur, avec plaisir.
Décidément, on dirait que je suis revenu un siècle en arrière, ai-je pensé. Personne ne m'a appelé Monsieur avec ce ton révérencieux depuis au moins vingt ans.
Une fois mon cocktail devant moi, par politesse, j'ai levé mon verre en me tournant vers mon voisin :
— Santé !
Immédiatement, il a répondu, levant un verre qui m'a paru être un gin collins.
Voilà comment j'ai fait la connaissance de l'unique protagoniste de cette affaire : mon quasi compatriote Léon Vandenberghe. Nous vivions a peine à trente kilomètres l'un de l'autre, lui à Tournai, moi à Lille.
Nous avons bavardé pendant près de deux heures, entre deux verres. Léon Vanderberghe n'était pas un touriste lambda. C'était un négociant belge en cigares. Il m'en a même offert un de bonne taille que j'ai dû refuser, car j'ai arrêté de fumer le jour de mes cinquante ans. Il venait de Viñales et La Havane, où il avait visité plusieurs plantations et fabriques de cigares. À présent, il s'offrait deux jours de repos dans cet hôtel. À l'heure du diner, nous nous sommes quittés sur un cordial : à demain, mon cher !
Mais il n'y a pas eu de lendemain.
II
Léon est apparu habillé et sur le ventre dans la piscine principale, son panama et sa canne flottant autour de lui. Mort. Il a été découvert vers sept heures du matin par le type de l'entretien de la piscine qui ramena le chapeau dans son filet de nettoyage et avec sa perche put diriger la canne jusqu'au bord. Ce qui rendit furieux les flics de la PNR, arrivés une heure plus tard.
— Il peut s'agir d'une scène de crime. Vous ne deviez toucher à rien. Vous êtes inconscient ou quoi ? Vous voulez être inculpé d'entrave à l'action de la police ?
L'employé ne voyait pas comment un chapeau et une canne mouillés pouvaient donner des indices, mais prudemment il ferma son clapet.
Bien qu'un observateur attentif aurait pu s'étonner qu'une canne avec un lourd pommeau métallique flotte. Mais personne n'a remarqué ce détail.
Les interrogatoires réalisés ont établi qu'après avoir diné à la Caravelle, Léon avait bu un cognac et fumé un cigare au bar La Nef, au bord de la piscine, vers onze heures et demie du soir. Et le serveur a affirmé de manière catégorique qu'il n'était absolument pas ivre.
L'hypothèse d'une chute accidentelle s'éloignait. Les analyses toxicologiques préciseraient les choses. Mais quand ?
Lève-tôt invétéré, j'ai assisté à tout ceci depuis le zinc où je prenais mon café, avant que les flics ne délimitent leur sacrosaint périmètre de sécurité avec de la rubalise estampillée de la mention : "Police - passage interdit".
J'ai même été le premier à être interrogé par une jeune policière à la peau cuivrée, aux galons de sous-lieutenante sur les épaulettes de son uniforme de jean bleu. D'un ton curieusement traînant, elle m'a dit :
— À quelle heure êtes-vous venu déjeuner ?
— À sept heures et demie, sous-lieutenante. Je suis un lève-tôt.
— Et pourquoi n'êtes-vous pas allé au restaurant Colomb où est servi le buffet du petit déjeuner ?
— Quand je suis en vacances, j'ai pour habitude de prendre un petit café de bonne heure là où ça se trouve et ensuite, sur le coup de neuf heures, je prends quelque chose de plus substantiel avec mon épouse.
Sur le coup, j'ai décidé de passer sous silence ma rencontre de la veille avec Léon Vandenberghe.
Mon café et mon croissant étaient en train de refroidir.
Après avoir noté mes coordonnées, dont la plupart figuraient déjà sur nos passeports consignés à la Réception : nom de famille, prénom, adresse et lieu de résidence habituel, numéro de chambre, date d'arrivée à l'hôtel et date de départ, la sous-lieutenante me fit signe que je pouvais continuer à déjeuner, avec cet avertissement :
— Comme vous êtes témoin oculaire d'une partie de la scène, vous restez à la disposition de la justice, jusqu'à nouvel ordre.
J'ai protesté comme j'ai pu, je n'avais été témoin de rien, le type de l'entretien était sur les lieux avant moi... Mais rien à faire. Notre circuit cubain risquait de finir sans nous deux.
III
C'est alors que j'ai décidé de tenter d'éclaircir moi-même le mystère de la mort de mon ex futur ami Léon Vandenberghe, requiescat in pace, pour ainsi accélérer ma libération administrative.
Chassez le naturel, il revient au galop. Je ne vous l'ai pas encore dit, dans une vie antérieure j'étais professeur de Droit, mais j'ai bifurqué et maintenant je suis... juge.
Si cette qualification me donnait grande envie de mettre mon grain de sel dans la mort de Léon, il est évident que ce n'est pas pour autant que j'avais le moindre droit de le faire. Mais je n'ai pas renoncé.
Et après un bon moment de réflexion, j'ai conclu que la meilleure porte d'entrée pour ce faire, c'était le personnel de l'hôtel.
À la Réception, on m'a donné sans problème le n° de chambre de Léon, car ils ignoraient encore l'identité du mort. C'était la 101, au rez-de-chaussée, la première à gauche à cet étage. Cela voulait dire qu'il avait un accès direct à la piscine, tout comme son éventuel assassin à sa chambre. Je me rapprochai de la femme de ménage du secteur, en montrant mon insigne de juge français. C'était une petite jeune, jolie et aimable. La police et le légiste étaient toujours occupés autour du cadavre, à l'autre bout, à deux cent mètres de là.
— Excusez-moi, Mademoiselle, si je vous dérange un petit moment, mais le Département Consulaire de mon Embrassade vient de me prévenir qu'un concitoyen a été victime cette nuit d'une attaque mortelle et je dois vérifier ses bagages avant son rapatriement. (À la faculté, les formateurs le répétaient souvent, les mensonges les plus gros sont les meilleurs).
Sur le seuil de la porte de Léon, la camériste m'a regardé des pieds à la tête. Par chance, je portais un costume et j'avais parlé avec autorité. Elle a hésité quelques secondes avant de s'écarter pour me laisser entrer :
— Ne touchez à rien, je viens de finir le ménage.
— Ne vous en faites pas. Il ne s'agit que de quelques photos. Vous pouvez laisser la porte ouverte. Les collègues de la PNR2 vont prendre le relais pour tout inspecter.
Cela l'a tranquillisée et elle a repris sa marche en avant avec son chariot de ménage.
Dans l'armoire, j'ai tout de suite remarqué une autre canne, identique à la première. Le pommeau se dévissait et dévoilait une cavité où dissimuler de menus objets avec, scellé sur l'envers du pommeau, un poignard capable de tuer. Sans l'examiner davantage, j'ai fourré la canne dans une jambe de mon pantalon, en la maintenant avec une main dans ma poche et je suis sorti de la chambre, en montrant mon téléphone à la femme de chambre :
— J'ai fini. Merci.
Je ne marchais pas normalement, bien entendu. Elle s'en est rendu compte :
— Il vous est arrivé quelque chose ?
— Je me suis cogné contre un coin du lit. J'ai un peu mal au genou. Mais je pense que ce n'est rien.
Je me suis éloigné en boitant vers ma chambre, au deuxième étage, où Felisa a commencé à me faire une scène à cause de ma longue absence et a fait des yeux de merlan frit quand j'ai sorti de mon pantalon une canne à pommeau d'argent.
— Put...! Ça sort d'où, ça ?
— Tais-toi ! On a trouvé un mort dans la piscine et la police enquête.
— Et... ?
— Je l'ai trouvée abandonnée par terre dans le couloir.
— Et c'est pour ça que tu te l'es mise dans le pantalon ? Tu te fiches de moi ?
— Chut ! Je pense que ça peut être un élément de ce qui vient de se passer. Et je veux l'examiner avant de la remettre à la police.
— Et une fois de plus, tu vas te mêler de ce qui ne te regarde pas. Je te préviens, Félix, je ne suis pas disposée à supporter davantage tes extravagances.
J'ai gardé un silence prudent...
IV
... et commencé à dévisser le pommeau de la canne au-dessus du lit, avant de la mettre tête en bas et de la secouer un peu.
Soudain, un petit sachet de papier de soie est tombé. Et quand je l'ai ouvert, est apparue une douzaine de diamants tout taillés, d'un carat, je dirais. Autrement dit, beaucoup d'argent.
De surprise, nous sommes tombés tous les deux assis sur le lit. Et, de frayeur, j'ai aussitôt remis le sachet à sa place.
Dès le début du voyage, Felisa et moi avions sympathisé avec un autre couple de notre région et ce jour-là nous nous étions donnés rendez-vous pour déjeuner au restaurant Colomb.
La chance a fait que notre commensal soit horloger-bijoutier. Durant le repas, discrètement, je l'ai interrogé sur le cours du diamant. Il m'a dit qu'en ce moment une pierre de bonne qualité d'un carat valait autour de 1000 €.
Donc, Léon voyageait avec plus de 12000 € en pierres précieuses dans sa canne. Peut-être même dans les deux. En plus d'être marchand de cigares, peut-être était-il trafiquant. Celui qui aurait su cela aurait eu de bonnes raisons de le voler. Mais, pour l'instant, impossible de savoir si la canne qui flottait dans la piscine contenait quelque chose ou pas.
Le corps avait été emmené à l'institut médicolégal de Holguín, mais les policiers enquêtaient toujours dans l'hôtel.
J'ai décidé de leur fournir une partie de mes informations. J'ai rapidement localisé la sous-lieutenante à la peau cuivrée et me suis approché d'elle.
— Sous-lieutenante, je me suis souvenu d'un détail ce matin. Ça n'a sans doute aucune importance, mais...
— Dites toujours.
— Quand je suis descendu prendre mon café, le type de l'entretien de la piscine était en train de récupérer le chapeau du noyé et j'ai relevé quelque chose de bizarre : la canne du mort flottait toujours, malgré son lourd pommeau métallique, comme si elle était creuse.
— Et...
— Les cannes creusent en général servent à cacher quelque chose, non ?
— Les affaires du mort ont été récupérées et leur examen est en cours, mais je vous remercie de votre aide. Vous pouvez disposer.
— Notre groupe doit partir pour Trinidad demain matin. Cela va être possible ?
— Ça, c'est le juge Tolila qui le dira. C'est à lui qu'a été confiée l'affaire. Votre guide vous communiquera sa décision.
V
"Faits divers mortel à Playa Esmeralda" titrait pudiquement le quotidien ¡Ahora! de Holguín le lendemain matin. Sans plus de précisions.
Le médecin-légiste, le Docteur Fernando Machacón, devait rendre ses conclusions au juge en début de matinée. Mais, comment en prendre connaissance ?
Dans l'annuaire téléphonique, j'ai trouvé le numéro professionnel de mon collègue et tenté un stratagème.
— Monsieur le juge, lui a dit sa secrétaire, un collègue français à vous, en voyage à Cuba, demande des renseignements sur nos procédures pénales. Je lui dis quoi ?
Le Juge Tolila, qui, en d'autres temps, avait suivi une partie de ses études universitaires en France, vit là une occasion de mettre un peu en valeur son français, appris dans les bras d'une certaine Louise, à Paris.
— Dites-lui que je le rencontrerai avec plaisir pour déjeuner à la cantine du Tribunal, à deux heures.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
À deux heures pile, un taxi me déposait devant le Tribunal Suprême Populaire de Holguín. Au secrétariat, j'ai dit que j'avais rendez-vous avec le juge Tolila. Avant mon départ de l'hôtel, j'avais pu récupérer mon passeport, en laissant à la place ma carte d'identité française.
On a examiné mon passeport et ma carte professionnelle et au bout d'un temps qui m'a semblé s'éterniser, une employée en uniforme mauve m'a demandé de la suivre.
Voilà comment je me suis retrouvé face au juge Tolila qui m'attendait dans le hall du restaurant du Tribunal. C'était un homme grand et sec, aux cheveux grisonnants. Il était vêtu d'un pantalon sombre et d'une chemise traditionnelle cubaine en lin.
— Comment allez-vous, cher collègue ?, m'a-t-il dit dans un français de très bonne facture. "Je suis enchanté de faire votre connaissance, dites-moi en quoi je puis vous être utile".
C'est là que mon plan se corsait.
VI
J'ai commencé par le féliciter pour son excellent français et nous avons digressé un moment sur ses années d'études à Paris. Mais il fallait bien en venir au sujet.
Nous étions dans la queue du self, poussant nos plateaux pour choisir une entrée, un plat et un dessert, quand j'ai risqué ma première question :
— Je suis désolé de vous ennuyer avec mes questions alors que vous devez être mobilisé par ce qui s'est passé à Playa Esmeralda.
— Ne vous en faites pas. Il n'y a plus d'affaire. L'instruction est close. Mort naturelle, a dit le légiste. Infarctus.
— La presse a annoncé qu'il s'agissait d'un citoyen belge.
— Oui. Bien connu à Cuba. Importateur de cigares pour les pays du Bénélux, depuis presque trente ans. Célibataire et grand séducteur. Il a même rencontré plusieurs fois le "Leader Máximo", comme vous dites en Europe.
J'ai noté que le juge était passé au tutoiement. Peut-être pouvais-je pousser un peu plus loin.
— Le serveur du bar La Nef m'a dit qu'il avait trouvé curieux que sa lourde canne flotte à côté de lui dans la piscine.
Le Juge Tolila a fait des yeux comme des soucoupes :
— Tu loges à Playa Esmeralda ?
— Oui, quelle coïncidence, hein ?
— Elle était creuse, parce qu'il avait un poignard à l'intérieur. Non sans raison, parce que Léon Vandenberghe manipulait beaucoup d'argent.
Et pas seulement ça, ai-je pensé en mon for intérieur.
VII
Maintenant, le problème était de savoir quoi faire de ces diamants que personne n'allait réclamer, apparemment. J'étais le seul à savoir que Léon voyageait avec deux cannes identiques.
Nous avons prétendu avoir acheté l'objet dans une boutique de souvenirs après mon choc au genou contre un coin de notre lit et j'ai marché en boîtant légèrement pendant le reste du voyage.
Le laissez-passer pour quitter l'hôtel est arrivé à la mi-journée et notre guide a su supprimer une visite au Parc du Monument National de Bariay3 pour respecter l'horaire. C'est que nous avions une étape de 250 kilomètres jusqu'à Camagüey. Là-bas, le guide refusa ma demande de visiter la maison natale de Nicolás Guillén, comme si le Poète de la Nation d'antan était tombé en disgrâce. Sic transit gloria mundi...
La peur m'a pris à l'aéroport quatre jours plus tard, au moment de passer les portiques de sécurité. Le détecteur a sonné.
Par chance, j'ai été opéré de la hanche, je porte une prothèse métallique et j'ai le certificat nécessaire pour me sortir de telles situations.
Il m'a suffi de le présenter pour que le portique s'ouvre.
Est-ce que je dors en paix avec ma conscience ? Absolument, parce que le produit de la vente des diamants est allé à des associations anticastristes. Quoique cela n'ait pas été facile, parce que les documents manquaient.
Je n'ai gardé qu'une pierre, en souvenir de Léon Vandenberghe. Elle dort dans le coffre-fort d'une banque, on ne sait jamais...
Et la canne va m'être bien utile, parce que voilà que je boite pour de bon !
©Pierre-Alain GASSE, décembre 2023.
1 Pendant longtemps, l'URSS a soutenu le pays en lui versant une aide financière annuelle de 4 à 6 millions de dollars jusqu'en 1990.
2 Police Nationale Revolutionnaire.
3 Lieu supposé du débarquement de Christophe Colomb le 28 octobre 1492.
Vous êtes le ième lecteur de cette nouvelle depuis le 25/12 2023. Merci.
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