©Le Télégramme, 2005, DR
I
Après des années de stagnation à quelques dizaines de mordus, sur les terrains de bistrots divers, ils disposaient enfin de leurs propres installations. Pour parvenir à cet objectif, le Président n'avait pas ménagé sa peine, sollicité en vain trois maires successifs. Le quatrième avait été le bon. La commune était à présent dotée d'un boulodrome. Les six jeux de plein air, réalisés en premier, étaient déjà très agréables, quoique un peu ventés. Mais depuis l'ouverture des jeux couverts et de la buvette chauffée, les joueurs de boule bretonne étaient aux anges ; jamais, depuis trente-cinq ans, ils n'avaient été aussi bien traités ! Et le club avait triplé ses effectifs pour dépasser la centaine, dont un noyau dur de quelques dizaines de passionnés.
Essentiellement des retraités hommes, et quelques femmes aussi. Plus, le week-end, des actifs sans autre créneau disponible.
Jusque-là tout roulait.
Certes, il y avait dans cette compagnie, comme il fallait s'y attendre, quelques piliers de bistrot plus ou moins assagis. Parfois certains franchissaient les limites autorisées, mais c'était marginal. D'ailleurs, il était interdit de boire et de fumer dans les allées. Et les conversations le plus souvent s'y limitaient aux péripéties du jeu.
Cette saleté de coronavirus, là comme ailleurs, avait tout désorganisé.
Pendant le premier confinement, les jeux avaient été fermés, puis des normes strictes de distanciation et de prévention furent imposées durant l'été sur les jeux d'extérieur.
Il fallait s'enregistrer sur un cahier de présence, chaque jour à l'arrivée sur les terrains, utiliser un gel hydroalcoolique plus ou moins poisseux, selon les provenances, et porter le masque !
Ce n'était pas tout. Ne pas jouer dans deux terrains contigus. Se tenir à un mètre au moins de ses partenaires et adversaires. Ne pas ramasser leurs boules.
Et ce qui chagrinait le plus certains, c'est que la buvette était fermée !
Heureusement que l'attrait du jeu surpassait toutes ces petites contrariétés.
En plein mois d'août, alors que l'on jouait encore à moins de dix le plus souvent, une nouvelle recrue apparut un jour au bord des allées, avec un jeu de trois boules d'un brun moucheté d'or. Les premiers temps, pour régler son lancer, elle exécutait un mouvement pendulaire que l'on n'avait encore jamais vu. D'amplitude modérée, mais quand même... Et chacun de réserver son avis sur cette technique inédite, le temps d'en apprécier les résultats. On ne sait jamais. C'était peut-être là une innovation intéressante. Mais non. Trop long, trop court. Le plus souvent, ses boules s'égaraient dans le jeu.
Tels furent les débuts d'Apolline à la bretonne.
Tout était nouveau avec Apolline, sa manière de lancer ses boules comme son prénom, jamais entendu par ici.
D'aucuns s'enhardirent alors à lui conseiller un lancer plus traditionnel, sans cette valse-hésitation initiale, encore plus risquée avec des boules légères comme les siennes.
Apolline entendait ces conseils sans réussir à les appliquer vraiment, mais le voulait-elle, je ne sais.
Un après-midi de quasi-canicule, une semaine au plus après sa première venue, elle arriva vêtue d'un short en jean et d'un T-shirt échancré, coiffée d'un chapeau de paille.
Nous étions presque tous en short et T-shirt ou chemisette, nous aussi. Comment s'offusquer de sa tenue ? Mais ce jour-là, personne n'eut la tête au jeu. Les tireurs manquaient leur cible à qui mieux mieux ; les poseurs jouaient à un mètre du "petit" !
En début de partie, on lança même celui-ci six fois de suite avant qu'il ne finisse sa course dans la zone autorisée.
C'est que les jambes d'Apolline ne passaient pas inaperçues. Sa chute de reins non plus ! Et que le reste était à l'avenant.
Lorsqu'elle se penchait pour lancer, un tropisme inexpliqué rapprochait les joueurs des bords de l'allée !
Il se trouve qu'elle était la seule femme présente ce jour-là. Autrement, des voix de congénères envieuses lui auraient peut-être fait remarquer que sa tenue perturbait le jeu.
C'est qu'Apolline était la plus jeune de nous tous. De dix, quinze, vingt ou vingt-cinq ans, selon notre génération aux uns et aux autres, apprendrions-nous plus tard. Mince et souriante. Retraitée ayant changé de région pour changer de vie. Célibataire, apprit-on bientôt, de surcroît.
En quelques semaines, sans se départir totalement de son geste originel, au grand dam des conseilleurs, Apolline acquit une précision et une justesse de jeu jugées honorables. Si, au début, on redoutait quelque peu de l'avoir dans son équipe, la situation s'inversa bientôt. Mais je ne jurerais pas que ses qualités de jeu en fussent la cause principale.
Et l'on vit l'atmosphère dans les jeux changer. Des joueurs, certains même qui n'avaient que quelques mois d'expérience de plus qu'elle, se transformèrent en conseillers attentionnés, distribuant à l'envi leurs observations avisées ou sentencieuses. N'eût été ce maudit virus, qui avait éloigné les trois quarts des pratiquants, les bises, accolades et embrassades ne lui auraient pas manqué, c'est certain. Hélas, il fallut à ses admirateurs se contenter de salutations à distance ou de "check" poing contre poing, pour les plus hardis.
Apolline n'était pas secrète. Sans être bavarde, elle se racontait volontiers. Ses déboires de santé. Ses démêlés avec son fils. Mais rien sur ce qui nous intéressait le plus : sa vie sentimentale ! Au bout de quelque temps, au détour de questions insidieuses, on apprit tout de même qu'après un divorce difficile, elle était dans l'état d'esprit du chat échaudé qui craint l'eau froide !
Cette nouvelle en demi-teinte réjouit néanmoins les plus jeunes d'entre nous, veufs, divorcés ou infidèles : tous les espoirs étaient donc permis !
Elle devint rapidement une sorte de mascotte du club, pas officiellement, bien entendu, mais quand elle était là, les joueurs étaient plus détendus, moins chicaneurs, le regard occupé ailleurs que sur les boules des adversaires, si vous voyez ce que je veux dire...
II
Mais je manque à tous mes devoirs. Peut-être ne connaissez-vous pas les règles de ce jeu qui ne se pratique qu'en Bretagne, et encore pas partout ? Je vous explique rapidement.
Je vous parle du jeu de tous les jours, pas des concours, régis par d'autres normes quant à la formation des équipes.
On y joue avec des boules en résine d'un diamètre de 92 à 110 mm et d'un poids de 600 à 1000 g, à choisir à votre convenance et un "petit"(cochonnet) de 25 à 40 mm en laiton ou bois.
Ici, le tirage, dans les allées, se déroule à 14 h 30 précises pour trois heures de jeu en hiver et quatre à la belle saison, selon des règles venues, sinon de la nuit des âges, du moins de fort longtemps.
Le préposé ou volontaire à cet effet envoie le "petit" au bout d'une allée, puis, dos tourné, lance deux par deux, les boules des joueurs alignées devant lui par paires. Une boule par joueur.
Les boules les plus proches du "petit" formeront la première équipe, doublette, triplette ou quadrette, selon le nombre de présents du jour. Ils joueront sur le terrain du tirage. Les équipes suivantes sur les autres terrains disponibles.
Chaque doublette, triplette ou quadrette prend alors ses boules pour procéder au second tirage, celui qui déterminera partenaires et adversaires. Les doublettes jouent avec trois boules pour chaque joueur, les triplettes et quadrettes avec deux seulement.
Une fois le tirage effectué, les retardataires pourront être intégrés à pile ou face, soit en cours de partie, soit à la fin d'une partie, selon la volonté des équipes.
On ramène les tablettes de marque à zéro, si ce n'est déjà fait.
Puis, sur chaque terrain, l'équipe dont une des boules s'est trouvée la plus proche du petit, lance celui-ci pour la première "mène*". La première équipe à atteindre douze points aura gagné. Le jeu doit se dérouler entre deux limites, matérialisées par un trait vertical tracé sur la face interne des bastaings des jeux, aux deux tiers de l'allée et à un mètre cinquante du bout de celle-ci. Plus un autre trait en fond d'allée, à un mètre du fond, qui marque la limite de retour autorisé des boules jouées. Autre règle : le petit lancé doit se situer à cinquante centimètres minimum du bord de l'allée. Et le poseur avoir ses deux pieds dans la zone des 1,50 m, le tireur ne pas dépasser celle des 2,50 m, s'il tire avec élan.
Vous l'avez compris, "poser", c'est tenter de placer ses boules au plus près du "petit" ; "tirer", c'est chasser les boules trop bien placées de l'adversaire. Chaque équipe continue de jouer ses boules tant qu'elle en a et ne s'est pas suffisamment rapprochée du "petit" pour marquer le point.
Les tireurs les plus admirés sont ceux qui tirent "à poque" et sont capables de réaliser un "carreau", figure qui consiste à chasser une boule d'un jet tendu pour laisser la sienne à la place. Outre l'adresse, il faut pour cela que la boule du tireur soit plus légère que celle qu'il vise. Plus la différence de poids sera grande, plus le "carreau" sera facile. Chasser la boule de l'adversaire, même si la vôtre ne marque pas le point, est toujours une prouesse que beaucoup réussissent sept à huit fois sur dix. Parfois davantage, les bons jours.
Certains tirent d'instinct, au jugé, avec une précision étonnante. D'autres prennent leur temps pour ajuster leur tir. Tous ont leurs rituels comme des sportifs de haut niveau. D'aucuns tirent avec un élan d'un ou deux pas, d'autres, sans. Beaucoup lèvent leur boule dans leur ligne de mire avant de lancer. Untel la fait tourner au sol comme une toupie, comme pour en vérifier l'équilibre. Tel autre la fait tournoyer dans sa paume élevée dans sa ligne de mire... Tel autre encore mime d'abord son lancer, la main vide... Et j'en passe.
Les tireurs "à demi-poque" et "à roule" complètent le tableau et si la plupart ont une spécialité ou une préférence, le choix de la technique est toujours à la libre appréciation du joueur.
L'une des particularités du jeu de boules bretonnes, c'est qu'il se déroule entre des limites matérielles avec lesquelles il est permis de jouer. Et certains pratiquants sont experts dans cette utilisation de la "bande", décriée par les puristes. Le renvoi de la boule par la paroi peut s'accompagner ou non d'un effet tournoyant qui freinera ou prolongera sa course selon qu'il sera centripète ou centrifuge. Dans tous les cas, le joueur avisé prendra garde à ne pas taper les jointures métalliques entre les bastaings des jeux : sa boule y perdrait l'angle d'incidence qu'il voulait lui donner.
Il y a là d'anciennes gloires, tireurs comme poseurs, souvent les deux à la fois, qui ont fait les beaux jours des concours dans toute la région et gardent et une bonne main et une "vista" enviable. Les jeunes tireurs leur dament le pion en force, mais pas toujours en adresse. Et, à la pose, les anciens ne craignent personne.
Le doyen passe à présent les quatre-vingt-dix ans et garde bon œil. Bon pied, un peu moins. S'étant accroché un jour dans les bastaings qui délimitent les jeux de bretonne, après sa convalescence, il s'est rabattu sur les terrains ouverts de pétanque, où il risque moins la chute.
Mais chacun ici sait que, dans le Trégor, une joueuse encore alerte et difficile à battre, vient de fêter ses cent ans ! Les boules "conservent" donc, comme on dit, car on y pratique une sorte de gymnastique douce, même si d'aucuns, moins courageux ou plus sensibles des reins, s'aident d'un ramasse-boules pour éviter de trop se courber.
Mais revenons à qui nous préoccupe...
III
Apolline.
Un jour, en me voyant me hâter vers le boulodrome alors que j'étais à pied et elle en voiture, elle s'est arrêtée et je suis monté à son côté pour un parcours hélas trop bref ; nous n'eûmes le temps d'échanger que trois ou quatre phrases banales.
Pendant quelques semaines, cela devint comme un rituel, et je m'ingéniais à être sur le trajet emprunté à l'heure où d'ordinaire elle passait.
D'un accord tacite, jamais nous ne formalisâmes ce "rendez-vous". Il fallait qu'il demeurât le fruit d'un hasard plus ou moins calculé. Comme si nous craignions de nous engager dans un processus compromettant pour elle, comme pour moi. Davantage pour moi que pour elle. Elle était nouvelle dans la ville et j'appartenais aux gens connus, dirons-nous.
Lui a t-on fait une réflexion ? Certains, dans les jeux, avaient parfois des propos sexistes et machistes à son égard, et je me souviens qu'un jour, j'ai dû prendre sa défense et demander aux mâles présents de la laisser un peu tranquille ! Toujours est-il que, du jour au lendemain, elle a cessé d'emprunter l'itinéraire qui était le mien, sans que j'en aie su la cause.
À l'automne, de nouvelles règles furent adoptées pour le jeu à l'intérieur : occupation d'un terrain sur deux, inscription sur registre pour le suivi, pas plus de vingt-quatre joueurs par spécialité (bretonne ou pétanque) désinfection des mains et des sièges, aération renforcée. Et le plus important, mais aussi le plus gênant : port du masque obligatoire, avant, pendant et après les parties, sauf à la buvette !
Apolline, moins légèrement vêtue à présent, et masquée comme nous tous, était là dès l'ouverture des jeux souvent, prêtant même la main aux tâches d'entretien.
J'avais déjà joué contre elle, à une ou deux reprises, par la vertu du tirage au sort, sans m'être rendu compte de rien. Puis un mystérieux hasard la fit échoir dans ma doublette plusieurs fois de suite et je fus donc à même d'échanger sur la tactique avec elle et même de lui prodiguer quelques conseils. Nous perdîmes plus que nous ne gagnâmes et... j'étais content ! Cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille.
Le ver était dans le fruit, si je puis me permettre cette comparaison pas très heureuse, mais je demeurais aveugle.
Ce n'est qu'après la nouvelle fermeture de notre "bulle" et l'obligation de ne jouer qu'en extérieur, à six maximum par terrain que je m'aperçus que la première personne dont je guettais l'arrivée dans les jeux, c'était Apolline. Et rapidement, elle devint la seule dont je souhaitais la présence.
La nuit, dans mes insomnies, je pensais à elle. Trouvant mes questions intrusives, ses réponses évasives, je récrivais, dans ma tête, le script du dialogue que nous avions pu avoir, dans les pauses du jeu. Le jour, je guettais l'heure d'aller jouer et si elle n'était pas là, je perdais à coup sûr, faute d'avoir la tête au jeu. Plus de doute, j'étais amoureux !
C'était une nouvelle insensée, incroyable, inespérée, mirobolante, mais troublante, angoissante, dramatique même aussi! À mon âge. Soixante-treize aux prunes. Dans ma situation. Marié, deux enfants, quatre petits-enfants. J'étais dans de beaux draps !
Mais comment lutter contre l'Amour ? Il vous transporte, vous soulève, vous aveugle, chacun le sait. Tout vous y ramène et il balaye d'une pichenette chacune de vos objections. La faute à Stendhal et sa fichue "cristallisation". Je savais tout cela et voir Apolline dans les jeux finissait par devenir un supplice. Finalement, nous ne pouvions avoir là que des conversations insignifiantes.
Par prudence, j'ai fini par espacer mes venues au boulodrome.
Apolline se maintenait sur la réserve, elle aussi. Moi, je ne savais sur quel pied danser.
Lors du second confinement, le jeu à l'intérieur fut interdit, et tout l'hiver il fallut jouer dehors, qu'il pleuve, qu'il vente. Parfois, nous n'étions que cinq ou six dont Apolline et moi. Un jour, lors d'une averse, alors qu'elle était tête nue et que je portais un anorak à capuche, elle accepta ma casquette. Une autre fois, lors d'une averse de grêle, qui se mit à fouetter les visages, elle vint s'abriter contre ma poitrine. Un autre jour encore, après un point heureux, elle me sauta carrément dans les bras, l'espace d'un instant.
Bien entendu, j'avais tendance à sur-interpréter ces menus gestes spontanés. Je me disais que j'avais peut-être réussi à établir entre elle et moi une relation spéciale. Mirage.
Au début de janvier, alors que le Président régalait d'un verre de crémant la petite douzaine de présents pour fêter son quatre-vingt-troisième anniversaire, Apolline lâcha dans la conversation que le sien était huit jours plus tard et que ce jour-là elle aurait soixante-cinq ans. Tous, nous la pensions plus jeune. Moi, cela m'arrangeait plutôt. Huit années seulement nous séparaient. C'était déjà beaucoup.
Ce jour-là, je me jetai à l'eau et déposai en cadeau dans sa boîte à lettres un de mes premiers livres. J'avais d'abord songé à une dédicace du genre : "À ma joueuse de boules préférée, pour son anniversaire", puis réfléchissant aux possibles sous-entendus de la formule, je me contentai d'un banal : "Heureux anniversaire, Apolline !"
Elle m'a remercié quelques jours plus tard dans un aparté, mais ne s'est pas dévoilée davantage, ni sur son opinion de l'ouvrage, ni sur ses sentiments.
Un mois ou deux passèrent.
Le printemps était arrivé et alors que nous jouions dehors depuis deux heures une partie qui s'éternisait, Apolline déclara un vendredi : à 17 heures, je vous quitte, mon chéri a fait 1000 km pour venir me voir, il faut que je sois à l'heure à la gare ! Nous nous regardâmes étonnés, c'était la première fois qu'elle faisait mention d'un homme autre que son fils et son petit-fils dans sa vie. Moi, "poker face" à l'extérieur, j'étais liquéfié à l'intérieur.
Quelques jours auparavant, alors que nous parlions de restaurants, elle m'avait confié qu'elle en avait réservé un, spécialisé dans les fruits de mer sur le port voisin, pour le week-end. Sans autre détail. Et ce samedi-là, hasard ou curiosité de jaloux, le dépannage informatique d'une amie m'amena justement dans les parages et sur un trottoir, en promenade digestive, il m'a bien semblé apercevoir Apolline en compagnie d'un homme, plus jeune qu'elle, assez grand et mince. Je ne suis pas allé jusqu'à croiser leur route et, honteux de cet espionnage plus ou moins volontaire, j'ai fui.
Nos rencontres sur les terrains de boule bretonne ont repris, mais plus comme avant. Elle était plus distante, moi aussi, partagé que j'étais entre l'espoir qu'elle ait monté cette affaire de toutes pièces pour obtenir une paix royale de nous tous et de moi en particulier et la crainte que ce "chéri" fût bel et bien une réalité.
Je n'avais aucun droit et un seul devoir : celui de taire cet amour clandestin. Les semaines ont passé dans un statu quo incertain.
Et puis, un triste jour, sur le chemin de la poste, j'ai découvert avec stupeur un panonceau "VENDU" apposé sur le portail de la maison d'Apolline. La mort dans l'âme, pendant plusieurs mois, j'ai guetté son retour sur les terrains. En vain.
Je savais qu'elle avait vendu sa maison de la région parisienne, sur un coup de tête, à la suite d'un différend avec son fils, m'avait-il semblé comprendre. Eh bien, l'oiseau était reparti, comme il était venu, sans crier gare.
Apolline était fantasque autant que séductrice. Je l'ai appris à mes dépens. Elle est la dernière en date de mes blessures. Une blessure qui ne se referme pas.
©Pierre-Alain GASSE, avril 2022.
* mène : chacun des allers-retours dans l'allée qui vont constituer une partie de boules. Deux, au minimum, douze au maximum.
Vous êtes le ième lecteur de cette nouvelle depuis le 01/04/2022. Merci.
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